• Résumé :

    A des milliers de kilomètres l'un de l'autre, deux chefs de gangs, un Salvadorien et un Japonais, en délicatesse avec leurs hiérarchies respectives, décident, chacun de leur côté, de venir s'installer en France. Ils veulent y implanter un commerce très prospère ailleurs mais encore peu répandu dans l'Hexagone :
    la fabrication et la vente de méthamphétamine. Yakusa et gangs sud-américains ne vont connaître qu'un mode d'explication : le gun, gros ou petit. Au milieu de ce rif, les flics français, d'abord débordés, comptent les coups puis, peu à peu, vont en distribuer à leur tour.

     

    Pourquoi le lire ?

    Déjà parce que c'est un excellent polar et pour ceux et celles qui rêvent de savoir écrire des scènes de filatures dans les règles de l'art. Vous ne trouverez pas mieux.


    votre commentaire
  •  

    Rien n’est pire dans un roman qu’une description fade et empêchant l’immersion. Aujourd’hui, je vous propose d’apprendre à éviter cet écueil grâce à la règle des cinq/six. Qu’est ce que c’est ? C’est la règle des organes des sens. Le sixième correspondant à l’intuition ou le ressenti du personnage. Garder toujours à l’esprit que votre lecteur n’est pas dans votre tête, donc vous devez l’aider à visualiser vos scènes.

     

    Prenons un exemple, votre personnage traverse une rue commerçante.

     

    Description n°1 : je traverse une rue commerçante.

     

    Description n°2 : Le ciel bleu azur me fait mettre le nez dehors (vue). Je suis heureux (ressenti), j’adore me promener sous cette météo. Les rues sont pleines d’animation et les passants sont plus détendus et rigolent (ouïe) plus qu’en hiver. Arrivée sur la place, la bonne odeur (odorat) des restaurants me donne l’eau à la bouche. J’entre dans mon restaurant de prédilection et commande. J’adore le toucher (toucher) de la banquette de velours de cet établissement. Sa douceur me rappelle la subtilité du goût de la sauce de mon plat préféré, les boulettes de poulet. La serveuse m’apporte mon met. Je pique avec ma fourchette un morceau et fonds de bonheur. Le goût (goût) sucré salé est surprenant.

     


    votre commentaire
  •  

    CHAPITRE 1

     

     

     

    « Death corporation, leader sur le marché de la résurrection en pleine expansion depuis trente ans, est la solution qu’il vous faut ! Venez tester l’expérience de la mort, nos médecins vous ressusciteront et vous continuerez votre journée comme s’il ne s’était rien produit. Comment cela fonctionne ? C’est simple : vos essais sont débités de façon automatique sur votre Death card, gratuite et nominative. Plus d’essais ? Elle est détruite par votre agent avec pour seule formalité la confirmation du don de votre âme.

     

    Est-ce si cher payer ? Que vous dicte votre conscience ? Halte aux diktats conventionnels ! Cette âme n’est qu’un détail sans utilité ! C’est un contrat « risque zéro » je vous l’assure, en personne ! Vous hésitez encore ? Remémorez-vous les temps anciens. Vos ancêtres n’auraient-ils pas souhaité choisir leur fin ? Saisissez cette chance, aujourd’hui ! Demandez votre Death card créditée de neuf vies, utilisables selon vos désirs, et à tout moment. Avec Death corporation, réussissez la mort de votre vie.

     

    Un communiqué de Guillaume le Bienveillant, président-directeur général de Death corporation, leader mondial de la résurrection. »

     

     

     

    Je souhaite que ces enceintes tombent en rade ! J’entends cette information, toutes les heures, sept jours sur sept. Une véritable torture sonore. J’habite à Lausanne, au neuf chemin du bois de la fontaine, dans une résidence sécurisée à l’ancienne, car je me méfie des scanners orbitaires. La société Death corporation, DC pour les intimes, est située non loin de mon domicile, entre le chemin de l’usine à gaz et celui des bouchers. La dénomination des rues ne m’inspire pas confiance, je les évite. Chemin des bouchers ? Idéal, pour se faire égorger !

     

    Guillaume le Bienveillant abrutit la population avec des campagnes acoustiques, à travers toute la ville. Comment Alain Cellier, notre maire, a-t-il pu accepter un tel stratagème ? Cette société est omniprésente, impossible de ne pas la voir, ou l’ouïr. Le pouvoir « le Bienveillant » est si conséquent, qu’ils ont leurs figurines animées sur l’horloge de la Palud. Les panneaux publicitaires dominent le paysage. Nous vivons dans un monde de surconsommation. Le retour aux sources, décidé par les gouvernements pour protéger la nature n’a été qu’une passade. Selon Alain Cellier, nous ne devons pas nous plaindre, car il n’a pas dénaturé la ville avec des moyens de transport semi-aérien. En effet, la norme actuelle préconise ce procédé pour désengorger les routes. Pour éviter une confrontation avec les écologistes, le maire va généraliser l’expansion de diffuseurs de senteurs et d’arbres éoliens. Un contresens, le métal n’a pas de chlorophylle. Il n’a pas l’air d’en avoir conscience.

     

    Le trépas est devenu un business, conséquence logique de la suite du « marché de la mort » qui s’est développé vers deux mille dix à travers l’Europe. L’euthanasie et le suicide assisté ne sont plus que des souvenirs. Il est loin le temps, où Lausanne était connue pour ses affaires juridiques contre la firme tabatière Philip Morris ltd. Vous choisissez votre décès, s’il ne vous convient pas, on vous ressuscite en échange de votre âme.

     

     

     

    Comment peut-on penser que ce n’est qu’un détail sans importance ? Je ne suis ni athée, ni grenouille de bénitier, je me mets à la place de ceux qui ont la foi. Accepter, de tester par curiosité, ou peur, n’est-il pas une ineptie ? En ce qui me concerne, c’est impossible. Question de bon sens. Leurs médecins compétents, je n’ai aucune envie d’avoir affaire à eux. Je ne trépasse pas, même pour l’expérimentation. Je déteste les effets de mode. J’ai un plan que je respecte à la lettre, peu importe les imprévus qui sont inexistants dans ma vie. Je me porte très bien. Intéressé ? Je vous le livre.

     

    C’est la méthode Gia Petrovski et elle, c’est moi. J’ai trente ans, porte du trente-six et possède à mon actif, des prises de sang qui frôlent l’indécence, vu leurs perfections. Je ne fais du sport que chez moi pour éviter les germes, bois uniquement de l’eau et dors sept heures et demie ni plus ni moins, pour éviter les problèmes cardiaques. Je ne donne aucune poignée de main, n’embrasse jamais qui que ce soit et n’emprunte pas les transports en commun, sauf en cas d’obligation professionnelle ou pour me rendre dans mon havre de paix. Je ne recours pas aux Publibike vélopass. Je préfère, celui du fils de ma concierge que je décontamine à ma guise.

     

    Je détiens un kit de survie sur moi qui contient tout ce dont je pourrais avoir besoin pour éviter d’être contaminée par des microbes. Je me fiche qu’on me prenne pour une folle ou une hypocondriaque. J’ai grandi avec ma famille dans une maison insalubre à la campagne, en Russie. Mon petit-frère, Dimitri est décédé d’une septicémie associée à un saturnisme à l’âge de cinq ans. Depuis, j’évolue dans la crainte permanente d’être malade et ne sors qu’en combinaison antiradiation avec un masque respiratoire. Mon équipement est identique à celui utilisé dans les industries pétrochimiques. Je ne l’enlève que pour les rendez-vous dans les lieux publics où la loi exige une tenue normale.

     

    Je me suis installée à Lausanne, à l’âge de seize ans, après une dispute parentale. Nos coutumes décrétaient, selon le souhait de ma défunte grand-mère, que je devais combattre les gens malsains de la société et reprendre son flambeau. J’ai choisi un autre chemin. Qui pourrait croire, qu’une personne hypocondriaque, selon les normes sociétaires en vigueur, ferait un bon chef de guerre ? Pas moi.

     

     

     

    « Les files d’attente interminables pour vos papiers administratifs, c’est fini ! Vous le savez, les métiers de l’accueil, du secrétariat et de la logistique sont effectués par des humanoïdes. Easy papers for me, vous propose d’aller plus loin. À un prix exceptionnel, nous fabriquons un humanoïde à votre image. Gardez votre temps pour vous faire plaisir. Votre clone est détruit à la fin de votre vie. Combien ? Vous me direz : cela dépend de ce que vous désirez. N’hésitez pas, appelez nos opératrices pour obtenir votre devis. Cette semaine, en cadeau bonus, nous vous offrons une réduction pour l’implantation de votre Fitchip, avec l’accord du service de santé ! Une telle promotion, il ne faut pas la rater.

     

    Un communiqué de Gareth Coles, directeur d’Easy papers for me. »

     

     

     

    Des clones pour tous ? Ces boîtes de conserve n’ont pas le moindre brin d’intelligence humaine. Le libre arbitre, ils n’ont aucune idée de ce que cela peut signifier. Effectuer un choix, de façon délibérée, c’est ce qui nous différencie d’eux. Qu’est-ce qu’ont les gens dans la tête ? Ils ne le remarquent même pas, que le monde est en train de mener l’humanité à une réflexion réduite. Avec le temps, ils affirmeront que les robots doivent obtenir les mêmes droits que nous. C’est absurde !

     

    Depuis deux mille trente, à votre naissance, une puce, dite Fitchip, est implantée sur votre poignet interne gauche et contient votre dossier médical. Pour ceux nés avant cette date, l’insertion est possible contre une somme de mille Kindlycoins, la monnaie actuelle. La même technologie est utilisée pour vos achats, une Paychip est ancrée sous l’épiderme de votre poignet interne droit. Les cartes bancaires existent pour les irréductibles, mais leur mort est programmée.

     

    Une bonne santé exige la technophobie. Pas d’ondes, pas de cancers. Donc pas de départ prématuré. Oui, le monde est connecté, mais les maladies qu’engendrent ce flux n’ont pas toujours existé. Pourquoi défier la mort, si l’on peut passer outre ?

     

    Mon unique problème est une anosmie héréditaire. Je ne sens pas les odeurs. J’examine le visage des gens qui m’entourent pour me faire une idée.

     

     

     

    La Bise est saisissante ce matin ! Heureusement qu’en Russie, j’ai connu pire. On a beau être fin mars, je comprends mieux le proverbe : en avril, ne te découvre pas d’un fil. Où dois-je présenter mes modèles de lingerie ? Tu commences bien, Gia, une heure travail et tu as déjà des absences. Je sors de ma poche mon programme d’intervention. J’ai rendez-vous au … treize, chemin de l’usine à gaz.

     

     

     

    Dévisagée par des touristes surpris ou des habitants médisants à cause de ma tenue, j’arrive à destination au bout d’un quart d’heure. Le bâtiment aux vitres sans tain imite une main humaine, aux doigts crispés. Au centre trône, en lévitation une flamme rouge et jaune, d’où jaillit une croix mortuaire holographique, étincelante.

     

    Non ! Pas Death corporation ! Je hais cette société. Examinez la forme de cet édifice. Selon moi, cela sous-entend une façon dérobée de nous capturer. Je renforce ma protection avant d’y rentrer et j’annule tout. Je ne mets pas ma vie en danger pour une bande d’inconscients. Où puis-je exécuter mon plan ? Je scrute l’horizon et mon seul choix reste les toilettes publiques utilisées par les ouvriers de voirie. Accablée et la peur au ventre, j’entre. Beurk ! La propreté est sommaire. Parfaite pour contracter une cystite. Même à deux doigts d’exploser ma vessie, je refuserai d’uriner là-dedans. Je pose des patchs anti-ondes sur ma combinaison, enfile une seconde paire de gants et asperge l’ensemble de spray antibactérien. Protégée, je sors et me lance dans la bataille contre mon ennemi.

     

     

     

    Au sein de Death, je me sens faible ; une force invisible appuie sur mes épaules et mes pieds semblent devenir en plomb. Un tictac régulier s’insinue dans mes oreilles. Le réglage de leur climatisation serait utile, avant que nous ayons la légionellose ! Leurs matériaux informatiques suffisent à nous rendre électrosensibles. Quel est leur but ? Augmenter le chiffre d’affaires par une association avec les pompes funèbres ? Ils sont fous ! Ou sourds ?

     

    — « Prenez votre mort à cœur, choisissez Death corporation. » Bonjour, ici l’accueil. Que puis-je faire pour vous ?… Très bien, nous vous envoyons votre brochure et votre Death card. Bonne journée, annonce une humanoïde à la voix synthétique.

     

    Une affreuse boîte de conserve faiseuse de chômage. C’est effrayant ! Leur peau factice donne l’impression d’être réelle. Sans leurs regards vitreux et leurs paroles, on pourrait s’y laisser prendre. Comment vais-je faire ? C’est un cauchemar.

     

    — Bonjour, Mademoiselle. Que puis-je faire pour vous être agréable ?… Parlez-vous notre langue ? Good morning, miss, can I help you? Guten Morgen, fräulein, kann ich Ihnen helfen ? Buenos dias, señorita, le puedo ayudar?

     

    Les agents DC, yeux fixes et visages sans expression, semblent aussi vidés d’humanité que les hôtesses. Sans les entendre dialoguer, on pourrait croire à une société robotisée. Leurs attitudes les font ressembler à des vautours qui attendent la mort, des personnes venues parler de leurs contrats, ou en acquérir. Si l’on me dit que Jason Voorhees va sortir, de derrière un rideau, avec sa tronçonneuse, prêt à tailler des corps comme dans « vendredi treize », j’y crois. Ridicule, je vous l’accorde.

     

    — Inquiétant et impressionnant, n’est-ce pas ? Je me nomme Alexandre. Puis-je vous être utile… Mademoiselle ? Du moins, je le suppose à votre taille. Votre tenue laisse place à une grande imagination.

     

    La voix claire m’arrache de mon tourment, dans un sursaut. Un bellâtre blond aux yeux marron, sourire avenant, tend sa main vers moi.

     

    — Bonjour. Excusez-moi, je ne serre jamais la main. Je me nomme Gia Petrovski. Intervenante extérieure, je souhaiterais annuler ma prestation. Je prévoyais de tomber sur un humain à l’accueil. Apparemment, ça n’existe plus, soupiré-je.

     

    — N’ayez pas l’air si dépitée. Je vais vous arranger cela. Vous permettez que je vous emprunte un poste de travail, Mesdemoiselles ?

     

    Les humanoïdes acquiescent. Je recule pour me protéger des ondes magnétiques et fixe du regard la sortie.

     

    — Où allez-vous ? Ne bougez pas. Épelez-moi votre nom, s’il vous plaît ?

     

    — Petrovski. P.e.t.r.o.v.s.k.i. Je représente la maison de lingerie « Les tentations de Valériane ».

     

    — C’est fait. Puis-je connaître votre raison, par simple curiosité ?

     

    — Ne le prenez pas contre vous, votre société m’horripile. Je vous trouve sans éthique.

     

    — Certes, c’est déconcertant. Cela doit dépendre de la perception de chacun. Je suis photographe naturaliste. C’est mon frère jumeau, le dirigeant, m’explique-t-il.

     

    — Je vous remercie pour votre aide. Je vous laisse, il faut que je prenne une douche de décontamination.

     

    Je risque l’évanouissement entre la chaleur de ma combinaison et mon mal-être. Ce tictac me rend folle. Ils ne le distinguent pas ?

     

    — Une douche ? Pourquoi ?

     

    — Les germes, les ondes et les bactéries diverses !

     

    — À ce point-là ? s’esclaffe-t-il. Je vous certifie que vous ne risquez rien. La société est aseptisée.

     

    — Je préfère être prudente.

     

    — Quoi qu’il en soit, ce fut un plaisir, Mademoiselle Petrovski.

     

    Il s’approche pour me serrer la main. Je recule en direction de la sortie, la tête me tourne.

     

    — J’oubliais… votre principe. Vous êtes un tantinet hypocondriaque.

     

    — Si vous étiez conscient du danger, vous seriez pareil, lui dis-je, agacée, avant de fuir.

     

    — C’est une question que je ne me suis jamais posée, à cause de ma nature épicurienne. Bonne fin de journée, ouïe-je, en écho.

     

    Bon débarras. Valériane va m’étriper quand elle l’apprendra. C’est moi qui risque ma vie et pas une vieille peau de soixante-cinq ans. J’en ai moitié moins, c’est à elle de passer l’arme à gauche. Que vous dire à son sujet ? Elle a créé une famille pour parfaire son curriculum vitae et ne ressent aucune complaisance, pour qui que ce soit. Le paraître est la chose la plus importante au monde. Avec ce que je viens de faire, je suppose que je lui enlève le moyen d’intégrer la haute société, je vais être virée.

     

     

     

    Dans l’escalier de ma résidence, mon angoisse s’amplifie. Oh, non ! Ma concierge, j’exècre cette femme. On devrait l’appeler mirador, elle passe son temps à espionner. Je vous assure que je ne suis pas parano, tout le bâtiment la fuit. Moi, je n’ai pas eu le choix, c’est une des dernières demeures qui n’est pas sécurisée par un scanner orbitaire. Pour les autres, c’est un mystère. Sans doute une question de finances, c’est la moins onéreuse du coin, à cause du bruit de la gare.

     

    — Bonjour, Mademoiselle Petrovski. Vous devriez penser à changer votre garde-robe, ou vous ne trouverez jamais un mari, affirme-t-elle avec son accent portugais.

     

    — Bonjour, Madame Garcia. Je ne veux pas convoler. De toute façon, je suis lesbienne !

     

    — Mais je voul…

     

    — Je vous souhaite une excellente fin de journée.

     

    Elle m’énerve ! 

     

    C’est agréable d’être chez soi, une bonne douche me détendra. Je ne me lave qu’à la main, car un gant garde les bactéries. Je compte jusqu’à quarante-cinq pour chaque partie du corps. Ce n’est pas un toc, mais de la prévention. Avec mon odorat défaillant, cela me permet d’être assurée de ne pas avoir d’effluves gênants. Je mangerais bien une salade de persil, ce soir. Cultivez tout en jardinière vous-même, vous éviterez d’absorber des pesticides. Nous avalons du poisson bourré de mercure, limitez les dégâts. 

     

    Je concocte mon repas lorsqu’on cogne à ma porte. Je vous parie que c’est le mirador de Lisbonne qui vient prier pour le salut de mon âme ou ma patronne. Impossible, d’avoir la paix. Je m’essuie les mains sur un torchon, ouvre et l’option deux entre en trombe.

     

    — Gia, vous n’aviez pas la permission de vous désister sans mon accord préalable. Agir de la sorte n’est pas professionnel ! C’est de l’inconscience !

     

    Elle m’agite sous le nez, ses longues mains manucurées de son vernis rouge criard et martèle mon parquet de ses Louboutin, en long et en large.

     

    — Bonjour, Valériane. Je vous en prie, faites comme chez vous, déclaré-je, avec ironie.

     

    — Nous pouvions accroître notre chiffre d’affaires et vous annulez, pour on ne sait quelle raison ! Si au moins, vous en aviez une !

     

    — C’est le cas.

     

    — Même si vous aviez couché avec le PDG, ce n’est pas valable. Vous y retournez dès demain ou je vous licencie !

     

    — Valériane, c’était au-dessus de mes forces. Je ne me sen…

     

    — Écoutez, je connais votre côté hypocondriaque. Je suis compréhensive et accepte de vous laisser travailler dans votre panoplie d’astronaute ! Votre raison, n’est pas valable. La famille le Bienveillant est la plus grande bienfaitrice de la ville. Vous y retournez ventre à terre et vous faites des excuses.

     

     

     

    Un toc à ma porte nous coupe. Sur mon seuil, un homme en jean et chemise grise, la mine fatiguée et des cernes marqués. Il tient, sous le bras droit, une grosse boîte en carton et un casque de moto dans la main gauche. 

     

    Bonsoir, Mademoiselle Gia Petrovski. Je suis le coursier de Karl Popovitch, le légataire testamentaire de vos parents qui viennent de périr. Je vous prie d’accepter toutes mes condoléances. Monsieur Popovitch a exigé que je vous remette cette boîte. Pouvez-vous me signer le bon de livraison, s’il vous plaît ?

     

    Mes parents sont… décédés ? Pourquoi ? Comment ? Que s’est-il passé ?

     

    — Mademoiselle ?

     

    Il secoue sa main sous mon nez et je reprends mes esprits.

     

    — Excusez-moi. Bien sûr, déglutis-je, au bord des larmes.

     

    — Merci, beaucoup. Prenez soin de vous, me dit l’homme qui s’éclipse vers l’ascenseur.

     

    Je m’effondre à genoux et serre contre moi leur ultime cadeau. Je n’ai plus aucun contact avec eux depuis dix ans. Ils me considéraient comme une névrosée. Des parents, qu’on le veuille ou pas, cela vous marque dans votre chair. Je prends conscience qu’ils me manquent. Il est trop tard pour les excuses ou les retrouvailles. Si j’avais su. La vie est précieuse et une partie de la mienne vient de s’écrouler, définitivement. J’ai perdu les deux piliers de la constitution de ma personnalité, comme un château de cartes est balayé par le vent. Ma rébellion d’adolescente m’a privée d’un ultime adieu. Pourquoi ne comprend-on la valeur des choses qu’une fois qu’elles ont disparu ?

     

    Je suis navrée de ce qui vous arrive. Je donne votre intervention à une autre employée. Prenez quelques jours de vacances, je repasserai vous voir.

     

    Ma patronne bat en retraite, énervée, mais, plus étrange encore, peinée. Croyez-moi sur parole, si les dragonnes existaient, Valériane serait leur reine mère. D’ailleurs, je suis certaine de l’avoir entendu bougonner pendant qu’elle attendait l’ascenseur. Elle doit penser qu’en plus de mon hypocondrie, je vais finir dépressive.

     

    Pourquoi mes parents ? Nous sommes des gens simples. Qui pourrait nous vouloir du mal ? La maladie a-t-elle fini par les emporter ? Qu’y a-t-il là-dedans ? Nous ne possédions rien, nos terres ne nous appartiennent pas. 

     

    Équipée de gants d’examen, j’ouvre la boîte avec précaution. Elle comporte un coffret boisé qui renferme un médaillon sur un cordon de cuir ciré et une chemise cartonnée. Le pendentif est une rondelle de bois sculptée d’arabesques avec notre nom au centre. Sur la pochette est mentionné mon prénom, suivi du mot confidentiel. À l’intérieur, j’y découvre les certificats de décès. Quelle est la cause ? Un empoisonnement comme Dimitri ? Je lis l’acte de ma mère.

     

     

     

                «  Nom : Martine épouse Petrovski, née Souvlaski

     

    Adresse : 9 chemin des champs à Tchekaline, oblast de Toula, 300 000, Russie

     

    Salle des urgences : Néant                            Ambulance : n°13

     

    Traitement administré : Néant

     

    Décédé(e) : à domicile

     

    Heure du décès : 24 mars 2065 – 13h00, heure approximative)

     

    Cause du décès : confidentiel

     

    Personne ayant identifié le défunt :

     

    Mademoiselle Alma Techenko

     

    13 chemin des champs à Tchekaline

     

    oblast de Toula, 300 000, Russie

     

    Parent(s) : Néant

     

    Corps à remettre : État de l’oblast de Toula pour incinération et dispersion des cendres en Mer Noire.

     

    Constat de décès : docteur Benyamin Simanovich »

     

     

     

    Confidentiel ? Comment est-ce possible ? Que dit-il pour mon père ?

     

    « (…) Serge Petrovski (…) Heure du décès : 24 mars 2065 - 12h54 (…) Cause du décès : confidentiel »

     

     

     

    Ils sont trop croyants pour avoir envisagé une incinération ! Dans ma famille, le fait d’être brûlé, empêche de rejoindre le Paradis. Les flammes sont associées à l’Enfer. Dieu a créé la nature, donc nous préférons l’inhumation. Même s’ils sont des agriculteurs et m’ont répété sans cesse que les cendres font d’excellents engrais, car les os contiennent du calcium, un élément nutritif parfait pour les plantes. Ils n’auraient jamais été à l’encontre d’une foi si forte. J’appelle tout de suite le docteur Simanovich. Qui est cette Alma Techenko ? Notre rue est habité par les mêmes familles depuis des générations. Ils sont morts presque en même temps, comment c’est possible ?

     

     

     

    Née avant l’implantation de la Paychip, je ne veux pas de composants électroniques dans mon corps et ne détiens pas de carte bancaire. Il ne me reste plus qu’à aller acheter une télécarte et me rendre dans le quartier des « anciens », pour avoir accès à la dernière cabine existante. La société, n’a rien trouvé de plus sympathique que de tenir « ses rebuts » dans la rue du chemin des retraites. La spiritualité d’antan est devenue la retraite, tout court. Quelle ironie !

     

    Combinaison enfilée et de quoi téléphoner en poche, j’entre.

     

    — « Le numéro que vous avez composé n’est plus attribué. Veuillez contacter le 1811 », me répond l’automate.

     

    Plus attribué ? Un vieux bristol, cela arrive. Inutile que je pinaille.

     

    — Bonsoir, vous êtes en communication avec le service des renseignements. Que puis-je faire pour vous ?

     

    — Bonsoir. J’aimerais obtenir les coordonnées du docteur Benyamin Simanovich. Son cabinet est en Russie, dans l’oblast de Toula.

     

    — Veuillez patienter, je lance votre recherche… Excusez-moi, madame. Notre base de données indique que le Dr Simanovich, est décédé il y a cinq ans. Vous avez dû être mal informée. Il était consultant chez Death corporation. Renseignez-vous auprès d’eux.

     

    — C’est noté, je vous remercie. Au revoir.

     

    — Au revoir.

     

    Étrange… Comment aurait-il pu signer ? Cela explique le mauvais numéro. Ça me hérisse le poil d’y repasser. J’appelle leur légataire testamentaire pour savoir ce qu’il sait. Me répondra-t-il, malgré le décalage horaire ?

     

    — Bonsoir, Maître Karl Popovitch. Que puis-je faire pour vous ?

     

    — Bonsoir. Excusez-moi de vous importuner si tard. Je me nomme Gia Petrovski. J’ai les certificats de décès de mes parents entre les mains, signés par le docteur Benyamin Simanovich. Je m’interroge sur l’intitulé des causes de mortalité. Pourriez-vous me fournir des renseignements ?

     

    — Donnez-moi quelques instants, que je regarde la copie de votre dossier… Mademoiselle Petrovski, je n’ai rien de plus. Je vous conseille de vous rendre chez Death corporation. Prenez rendez-vous avec le signataire ou un de ses collègues, le cas échéant. Bonne chance dans vos recherches.

     

    — Merci de votre indulgence, Maître, bonne nuit.

     

    La poisse ! Il ne me reste plus qu’à prendre mon courage à deux mains et à me rendre chez ces fous qui se prennent pour le Christ tout-puissant. Que me cache-t-on sur le trépas de mes parents ? Comment un macchabée peut-il émarger des certificats de décès ? Un homonyme, peut-être ?

     


    votre commentaire
  • Bonjour, Geneviève Dumesnil, vous êtes l’auteur de "Luciole", publié en autoédition. Les internautes et vos lecteurs ne vous connaissent pas forcément, pouvez-vous parler de votre parcours ?

    Il n'y a pas grand chose à dire sur mon parcours, je débute complètement dans le monde de l'édition, même si j'écris depuis des années. 

    Aimez-vous lire ? On dit souvent qu’il faut beaucoup lire pour écrire, qu’en pensez-vous ?

    Oui, j'aime lire. Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé lire. Je lis énormément et de manière éclectique. Ça dépend des périodes, de mes envies, de mes découvertes. 
    Je pense que l'envie d'écrire apparaît comme une continuité dans le plaisir de lire. La suite logique des choses. 


    Avez-vous des projets d’écriture ? Pouvez-vous nous en parler ?

    Oui, j'ai deux projets sur le feu. Un projet d'aventure jeunesse qui mijote depuis un bon moment. J'aimerais le finaliser dans les semaines qui viennent. C'est une promesse que j'ai faite à mon fils. C'est un livre que j'ai écrit pour lui, à la base et il est impatient de le tenir entre ses mains.
    Ensuite, j'ai un autre projet de polar qui mijote. J'aimerais garder ce même type d'ambiance que dans Luciole.Commencer avec des événements légers, de la vie quotidienne et puis glisser peu à peu dans une atmosphère plus lourde. Même si le sujet et les personnages seront très différents, j'aimerais arriver à rendre ce type d'ambiance.


    Depuis quand écrivez-vous ? Avez-vous écrit autre chose que votre genre publié ? 

    J'ai commencé à écrire quand j'étais très jeune, mais à cet âge, on se décourage vite et je n'ai jamais passé le cap du second chapitre. J'ai repris vers 20 ans, mais les études, le manque de temps, puis, le travail, la famille... Bref, l'envie d'écrire s'est repliée tout au fond de moi en attendant des jours meilleurs. J'ai véritablement repris l'écriture il y a une petite dizaine d'années. J'ai écrit quelques nouvelles, quelques compte-rendu de voyages imaginaires dans des lieux inventés, quelques histoires courtes également. Ensuite, je me suis lancée dans mon premier roman, de la fantasy inspirée par des légendes Nordiques. Mon second livre, c'est un roman d'aventure jeunesse qui mérite d'être retravaillé avant d'être finalisé. Luciole est mon troisième roman, mais seulement le premier à être publié.

    Vous êtes un(e) écrivain(e) à plein temps ou pas ? Avez-vous l’ambition de l’être ?
     

    Hélas non, je travaille pour payer les factures et remplir le frigo. J'aimerais bien être écrivain à temps plein, ce serait formidable. 

    Que pensez-vous du monde de l’édition ?


    Pas grand chose... Sans rire, j'ai choisi l'autoédition, je ne me suis pas adressée à des maisons d'éditions "classiques" avant de publier mon roman. C'est avant tout par esprit d'indépendance et ensuite parce que je ne crois pas qu'une grosse maison s'intéresserait à une parfaite inconnue dans le milieu. Et les petites n'ont pas forcément les moyens de servir de tremplin à un jeune auteur. De plus, le travail éditorial ne m'effraie pas et j'ai ainsi pu garder le contrôle sur mon histoire. Dans l'ensemble, je ne suis pas contre les maisons d'éditions, mais j'avais envie d'essayer par moi-même et d'aller jusqu'au bout de mon projet.

    Passons aux questions sur votre livre, êtes-vous fière de votre livre ?


    Bien sûr, je suis fière de mon livre. Même si je suis consciente qu'il reste des imperfections. Je suis surtout fière d'être arrivée au bout du projet. Et fière également qu'il ait reçu des chroniques positives sur divers sites.

    Quel est son thème fédérateur et en quoi vous a-t-il plu ?


    Je crois qu'il y a deux thèmes principaux, l'espoir et l'indépendance d'esprit, vouloir être soi, faire ses choix et affirmer sa personnalité, même si ça déplaît. Les raisons pour lesquelles j'ai aimé écrire cette histoire sont multiples. En premier, je suis quelqu'un qui tente toujours de positiver. Même quand la situation est difficile, j'arrive à mettre le doigts sur le petit point positif qui aide à garder "la tête hors de l'eau". Ensuite, j'ai ce tempérament d'affirmer "je suis comme je suis et ceux à qui ça ne plait pas, ils peuvent regarder ailleurs". D'ailleurs, il y a une citation de Guitry que j'aime beaucoup et que j'ai mis dans la bouche d'un de mes personnage : "Si tous ceux qui disent du mal de moi savaient ce que je pense d'eux, ils en diraient plus encore."

    Quel est le sujet de votre livre ?


    C'est une histoire de meurtre inexplicable dans un petit village tranquille. Au fil des pages, les masques tombent et des petits secrets inavouables sortent de l'ombre. Ça parle de secrets de familles, de mensonges et surtout d'espoir pour ceux qui ont été blessés par la situation.

    Un de vos personnages vous ressemble –t-il ?


    Non, pas vraiment, même si certains traits de caractères ressortent. La seule ressemblance entre moi et le personnage féminin, c'est son chien. Dans l'histoire Shaman est toujours dans l'ombre de sa maîtresse comme mon chien est dans la mienne. Il a passé de nombreuses heures à mes pieds et il m'a inspiré ce personnage secondaire.

    Que voulez-vous dire à vos lecteurs et peut être futurs lecteurs ?


    Avant tout, je tiens à les remercier, sans les lecteurs, l'aventure n'existerait pas. Ensuite, je les encourage à me donner leur avis sur Luciole, que ce soit par l'intermédiaire de ma page Facebook : Geneviève Dumesnil auteure ou sur mon site : Plaisir d'écrire, Luciole.

    Quel est votre rituel d’écriture ?


    Généralement, j'essaie de me dégager une heure en matinée pour écrire, mais ce n'est pas toujours possible. Par contre, le soir, dès que les enfants sont au lit, je retrouve mon clavier avec plaisir.

    Avez-vous un conseil à offrir aux écrivain(e)s en herbe ?


    Persévérez ! Écrire un livre, c'est un travail de très longue haleine, avec des hauts et des bas. Ne vous laissez pas décourager par les jours "vides". Il n'y a qu'en persévérant qu'on arrive au bout, un pas après l'autre.

    Où acheter ?

    version ebook : http://www.amazon.fr/Luciole-Genevi%C3%A8ve-Dumesnil-ebook/dp/B0153VEL4Q/ref=pd_rhf_gw_p_img_1?ie=UTF8&refRID=1HB02J75JCQHA2JRZ96D

    version papier : http://plaisirdecrire1.e-monsite.com/pa ... apier.html

    Egalement  disponible à la maison de la presse à Vire.

    Nota bene : La version papier est disponible au centre culturel Leclercq de Vire, au Carrefour Contact de Saint-Sever-Calvados ainsi que la librairie de Saint Sever.
    Il sera prochainement disponible en Belgique à la librairie "Chez BD" à Stockay et vraisemblablement dans d'autres librairies dont l'auteure encore l'accord.

     

     

    Geneviève Dumesnil

     

     


    votre commentaire
  • Voici une oeuvre publiée en auto-édition il y a quelques années et qui se vend toujours.C'est une histoire racontée uniquement en poésie.

    Résumé :

    La vie et ses grandes étapes à travers un point de vue féminin d'une part et masculin d'autre part.

      Pour l'achat c'est ici : http://www.thebookedition.com/une-vie-en-poesie-de-audrey-albert-p-71290.html


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires